Du 9 au 11 janvier 2014, l’Association haïtienne de psychologie (AHPsy), de concert avec l’université Lyon 2, l’Agence nationale de la recherche (ANR) et l’université d’Etat d’Haïti, a organisé un colloque interdisciplinaire et international autour du thème : « Haïti, recréer la vie, des traumatismes au processus créateur résilient ». Durant ces trois jours, près de 42 professionnels en sciences humaines et sociales ont animé au Karibe Convention Center des panels de discussion autour de la santé mentale en Haïti et de la résilience.
Deux invités d’honneur étaient présents à ce colloque : le psychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik et la pédopsychiatre Marie Rose Moro.
Ce colloque s’est ouvert avec la conférence de Boris Cyrulnik intitulée « Comment redevenir un enfant après un trauma collectif ». Avec le professeur Laennec Hurbon dans le rôle de président de séance et Michèle D. Pierre-Louis dans celui de discutant, cette conférence d’environ une heure a été l’occasion pour le public de (re) prendre contact avec les travaux de Boris Cyrulnik sur la résilience. En toute simplicité, le professeur Cyrulnik a présenté la résilience comme cette faculté à se remettre à vivre après un trauma.
Abordant le trauma, il en définit trois moments : avant, pendant et après. Avant, est-ce que l’on était sécurisé par une niche parentale familiale stable et une culture structurée ? Est-ce que l’on était capable de mentalisation, donc de parler, penser, décider ? Pendant le trauma, s’agissait-il d’un trauma proche ou lointain, chronique ou soudain ? Et après le trauma, est-ce que l’on reste prisonnier du passé, mort psychiquement ou est-ce que l’on se remet à vivre ? Dans ce dernier cas, deux conditions sont nécessaires : le soutien (affectif, environnemental) et le sens, c’est-à-dire la compréhension de ce qui est arrivé. Dans ce schéma, les tuteurs de résilience, en d’autres termes les ressources sur lesquelles on doit compter pour se remettre à vivre, sont à la fois externes et internes. Externes à travers le soutien reçu dans son environnement psychosocial (à rappeler que « je » ne peux pas vivre sans « autres ») et interne, par le travail de symbolisation que l’individu effectue pour donner un sens au phénomène traumatique.
La soirée de lancement du colloque s’est achevée par la représentation théâtrale du « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire, interprété par Joel Honhouenou Lokossou. Les deux jours suivants, les différents panels ont abordé des sujets divers, tels la recherche sur la résilience, le processus créateur chez les enfants et adolescent haïtiens suite aux catastrophes naturelles ; la relation entre trouble de stress post-traumatique, dépression, soutien social et résilience chez les enfants, les adolescents et les adultes qui ont survécu au tremblement de terre du 12 janvier 2010 ; le corps amputé et les douleurs fantômes…
La conférence de clôture qui a été suivie d’un spectacle du groupe Vodoula a porté sur les aspects transculturels du traumatisme. La pédopsychiatre Marie Rose Moro a parlé de la nécessité d’utiliser une approche multidisciplinaire dans le traitement des traumatismes et la relation de complémentarité qu’il y a entre l’universalité psychique et le codage culturel.
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